Éditorial
par Marie-Françoise Canérot
Ce numéro 2 d’Études greeniennes, nous le rêvions plus riche de pages et de rubriques, en réponse au chaleureux accueil réservé à notre revue naissante. Ce rêve se sera réalisé grâce à des collaborations enthousiastes auxquelles nous tenons à rendre hommage.
Touchant les liens complexes entre Julien Green et un xxe siècle qu’il a traversé de part en part la plume à la main, six études de fond aident à cerner l’ambigu rapport de l’écrivain avec une modernité à laquelle il appartient par les douloureuses interrogations de son œuvre, mais à laquelle il échappe par la singularité jalousement préservée de son univers intérieur. Nous sommes particulièrement reconnaissants à Ornella Pes, jeune chercheuse italienne, d’avoir assuré un très soigneux travail de traduction d’une partie de sa thèse pour que ce numéro 2 s’ouvre aux recherches les plus récentes sur l’œuvre de Julien Green. Nous savons gré également à Monsieur le Professeur Philippe Le Touzé de nous avoir donné l’occasion de découvrir et de publier des pages très denses et émouvantes d’une doctorante de l’université linguistique de Kiev, Lioubov Zoubova, sur la réception de l’œuvre de Julien Green en Ukraine. Ces deux études ont l’intérêt de replacer l’inspiration et la création greeniennes au cœur de l’histoire intellectuelle et événementielle du xxe siècle, et, jointes aux contributions d’Eamon Maher, directeur du Centre national d’études franco-irlandaises de Tallaght (Irlande), et de Dominique van Hooff, professeur à l’université de San José (États-Unis), elles attestent de la dimension internationale de notre revue.
Replacer Julien Green dans son temps nous invitait aussi à évoquer, dans la rubrique « Archives », les témoignages que suscita sa disparition, de la part de personnalités qui l’avaient approché et connu. Ce fut le cas de Jean Mambrino s.j., auteur de vingt-deux recueils de poésie, de quatre recueils de prose, de deux volumes de traduction de l’anglais et de deux articles essentiels sur Julien Green : « Un petit infini » (Études, 4 avril 1968, repris dans Lire comme on se souvient, Éditions Phébus, épuisé) ; « Julien Green : La traversée des apparences » (Études, novembre 1998, repris dans La Patrie de l’âme, sous le titre L’Épaisseur d’une flamme : Julien Green, Éditions Phébus, février 2004). Nous publions un long passage de ce dernier article (réservant au numéro 3 d’Études greeniennes la redécouverte d’« Un petit infini »). Nous remercions très vivement Jean Mambrino de la chaleur avec laquelle il a servi notre projet, et les Éditions Phébus qui ont consenti gracieusement à cette réédition.
Nous inaugurons une rubrique « Comptes rendus » largement ouverte à toutes les publications (et rééditions) qui peuvent entrer en résonance avec Julien Green et avec son œuvre. Nos lecteurs trouveront, dans les deux ouvrages présentés par Jean-François Bourgain et Michael O’Dwyer, une ample matière à rêver sur le poète et le croyant que fut Julien Green.
Notre revue n’existerait pas sans toutes ces collaborations efficaces et généreuses. Nous invitons tous les lecteurs qui le désireraient à nous adresser, par l’intermédiaire de la Société Internationale d’Études Greeniennes, leurs propositions de travaux ou leurs découvertes...