L’enfance
Julien Green est né le 6 septembre 1900 à Paris, dernier d’une famille de sept enfants (cinq filles et deux garçons), venue du Sud des États-Unis. Il est et demeurera toute sa vie de nationalité américaine.
Élevé dans les deux langues, anglaise à la maison et française au Lycée Janson de Sailly, il est dès son plus jeune âge habité par deux cultures qui le conduiront à un curieux sentiment de dualité intérieure. L’atmosphère familiale de son enfance est heureuse, mais un premier drame détruit sa joie de vivre : la mort de sa mère, le 27 décembre 1914.
La jeunesse
À quinze ans, il se convertit au catholicisme. Durant la Première Guerre Mondiale, il s’engage comme ambulancier sur le front d’Argonne, puis, dans la Croix Rouge américaine. En 1918 il entre à l’École d’Artillerie de Fontainebleau dont il sort aspirant. L’expérience des horreurs de la guerre le rendra résolument pacifiste.
Invité aux États-Unis par un de ses oncles, il part faire ses études supérieures à l’Université de Virginie, qui devait fournir le décor superbe de Moïra.
L’écrivain
Son premier roman, Mont-Cinère (1926), est salué avec enthousiasme par Bernanos. Adrienne Mesurat (1927), Léviathan (1929), mettant en scène des êtres emmurés dans un destin tragique, lui assurent un succès durable par l’étrangeté de cet univers « venu d’ailleurs », et ce que Zweig appelait un « réalisme magique ». La religion en est absente mais ils sont pourtant « les livres d’un homme vivant sur le plan mystique », disait Maritain, ou encore ceux d’un « Kafka chrétien » selon Klaus Mann.
Après Épaves (1932), son inspiration romanesque évolue vers l’imaginaire et le rêve avec Le Visionnaire (1934), Minuit (1936), Varouna (1940) Si j’étais vous (1947).
Julien Green qui tient régulièrement son journal – l’un des plus longs et des plus célèbres du XXe siècle – commence à le publier en 1938. Il séduit beaucoup de lecteurs par sa profondeur spirituelle et son humour.
En 1940, mobilisé aux États-Unis, il parle à la France à travers la « Voix de l’Amérique » à l’O.W.I. Son évolution intérieure le ramène au sein de l’Église dont il s’était éloigné. Après son retour en France, il écrit des romans plus lumineux où s’exprime le conflit de la chair et de l’esprit : Moïra (1950), Chaque homme dans sa nuit (1960), L’Autre (1971).
Il aborde le Théâtre à l’instigation de Louis Jouvet : Sud (1953), L’Ennemi (1954), L’Ombre (1956), puis le genre autobiographique : Partir avant le jour (1963), Mille chemins ouverts (1964), Terre Lointaine (1966). La reconnaissance officielle de son talent aboutit à son élection à l’Académie française, au fauteuil de François Mauriac, le 3 juin 1971.
La fécondité de cet écrivain demeure remarquable jusqu’à la fin de sa vie. Après Le Mauvais Lieu (1977), qui illustre le mythe de l’enfance dans son œuvre, et Frère François (1983) sa dimension mystique, Julien Green entreprend à plus de quatre-vingts ans une vaste trilogie romanesque qui fait revivre le Sud américain à la veille de la Guerre de Sécession : Les Pays Lointains (1987), Les Étoiles du Sud (1989), Dixie (1995).
Il s’éteint à son domicile parisien, rue Vaneau, le 13 août 1998.