Les derniers volumes du Journal de Julien Green ont été moins explorés par la critique que les précédents , en partie probablement parce qu’ils n’ont pas été inclus dans l’édition des Œuvres improprement dites complètes, dans la « Bibliothèque de la Pléiade ». Pourtant, ils constituent la manifestation exceptionnelle d’une écriture journalière poursuivie par un auteur presque centenaire, jusqu’à son dernier souffle, et méritent certes qu’un volume des Études greeniennes leur soit consacré ; il sera nourri par les communications présentées lors de la journée de la SIEG prévue à l’automne 2017. L’observation de la posture de l’écrivain, au soir de la vie et au seuil de l’éternité, en sera naturellement le fil conducteur. On observera l’accompagnement qu’une écriture de l’intime donne à l’entrée dans le grand âge, les expressions de la conscience du temps, la sensibilité à la vie du corps, les modulations de la relation à soi et aux autres. Mais on examinera également les modalités d’une présence toujours intense au monde, à l’Histoire écoulée et en marche, et les échos donnés à l’actualité politique et sociale, religieuse, culturelle. La traversée de ces derniers volumes se rendra attentive aux modifications qui peuvent apparaître dans le regard porté sur le monde, les inflexions d’une spiritualité, la pratique de l’écriture ; on pourra également se demander, par une mise en perspective dans l’ensemble du Journal, s’ils y forment un massif particulier, aux caractéristiques distinctes. Les accents propres à la voix qui s’y laisse entendre peuvent ressortir aussi de la mise en dialogue de ces textes avec ceux d’autres grands diaristes, tels Gide et Jouhandeau, dont l’âge n’a pas interrompu l’activité d’écriture.
Les volumes du Journal considérés seront donc les suivants : L’Arc-en-ciel, 1981-1984, Paris, Éd. du Seuil, 1984. L’Expatrié, 1984-1990, Paris, Éd. du Seuil, 1990. L’Avenir n’est à personne, 1990-1992, Paris, Fayard, 1993. Pourquoi suis-je moi ?, 1993-1996, Paris, Fayard, 1996). En avant par-dessus les tombes, 1996-1997, Paris, Fayard, 2001. Le Grand Large du soir, 1997-1998, Paris, Flammarion, 2006. On ne s’interdira pas pour autant d’associer l’étude de L’Arc-en-ciel à celle des trois volumes précédents, en raison de la belle unité de titres qui convoquent à la suite les quatre éléments : La Bouteille à la mer, 1972-1976, La terre est si belle, 1976-1978, La Lumière du monde, 1978-1981 (dans Œuvres complètes, t. VI, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1990).
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