Comme Paris que Julien Green aimait au point de lui consacrer un étonnant recueil de photos, la revue de la Société Internationale d’Études Greeniennes « fluctuat nec mergitur ». Il y eut les modestes mais riches et audacieux « cahiers verts » nourris de la plume de Michèle Raclot et, sous la présidence de Carole Auroy, les treize volumes des Études Greeniennes qui, semblables au miroir où l’écrivain aimait refléter son visage pour apprendre à se connaître, ont été les facettes hétéroclites du mystère greenien d’un inépuisable univers imaginaire. C’est cette illumination patiente du mystère greenien que les Cahiers Julien Green entreprennent de poursuivre en élargissant encore leurs champs d’investigation par l’accueil de collaborations plus diversifiées.
À nos rubriques habituelles, nous en ajoutons trois : la « rubrique d’un diariste », la « rubrique d’un lecteur du Journal intégral », la « rubrique d’un bibliophile ». Leurs auteurs alterneront à leur gré leurs publications. Nous créons un espace « Varia » pour accueillir des études extérieures au thème retenu, mais d’une acuité et d’une profondeur qui requièrent qu’elles soient connues. Le premier des Cahiers Julien Green a l’honneur d’y publier un article de notre vice-président Jean-François Bourgain sur Márai et son fascinant journal intime.
L’intitulé de ce premier cahier « La fabrique du roman » ne condenserait-il pas l’énergie qui inspire le nouveau cycle de notre revue ? La fabrique d’un roman promeut en effet pour le chercheur et son lecteur une intrépide plongée au cœur de l’acte créateur d’un romancier étrangement obscur à celui-là même qui le pose. C’est donc à d’astucieuses filatures que chaque article engage chercheurs et lecteurs pour cerner avec passion les secrets d’une œuvre qui ne peut, en nos temps obscurs, que rencontrer de nouveaux publics.
Puissent les Cahiers Julien Green aborder impunément les temps futurs !